Compte tenu de tout ce que nous savons, et de tout ce que nous ne savons pas, les lettres de présentation sont-elles réellement utiles pour évaluer la valeur d’un candidat potentiel au sein d’une organisation? Peut-être que oui, peut-être que non. Mais probablement pas…
Si vous avez fouiné pour un nouveau boulot dans les dernières années vous pourriez avoir remarqué qu’encore aujourd’hui, une lettre de présentation est suggérée ou requise la plupart du temps.
La suggestion peut vouloir dire « optionnel » tout comme on le voit entre parenthèses aux côtés d’une application en ligne, ou plus ambiguë encore quand on voit « CV/Lettre de présentation » au-dessus d’un onglet téléchargez, démodé, telle une version de Windows 95.
La grande question, « pourquoi »?
Qui a-t-il à propos de la lettre de présentation qui offre à l’employeur la confiance de qualifier, ou pire encore, de disqualifier un individu avant même de l’avoir rencontré?
«Je trouve que certains gérants aiment avoir une lettre de présentation qui résume les compétences du candidat et la façon dont celles-ci correspondent spécifiquement aux exigences du rôle qui a été annoncé ou affiché», nous dit Mary Ann Dunlop, une consultante sénior en RH dont les services s’étendent au niveau du détail, de la technologie et des industries manufacturières depuis plus de 20 ans.
Lauren Nelson, la V-P de la firme de consultation en communication Aesthetic Cogency, nous a donné sa ferme position sur le sujet dans un post sur LinkedIn en septembre dernier :
« Je me fous que votre CV contiennent douze pages de prix et d’honneurs de toutes sortes. Vous m’avez perdu; si vous ne pouvez pas me communiquer clairement en quoi votre expérience et vos compétences sont pertinentes à l’emploi, je ne suis pas certaine que vous comprenez ce que le poste implique, ou que vous puissiez apporter de la valeur sur la table. Une lettre de présentation solide peut même vous aider à outrepasser les lacunes dans votre CV ou votre manque d’expériences. Je préfère avoir un individu passionné et déterminé avec une forte éthique de travail dans mon équipe qu’un diplômé du Ivey League sans aucune ténacité…»
Mais là réside une désillusion potentielle : que la détermination, la passion et l’éthique de travail puissent être mesurées de façon réaliste en lisant une lettre de présentation, et que ces traits particuliers, ou autres, soient ainsi discernés dans une telle lettre et qu’ils soient une variable significative pour le candidat potentiel.
Nous avons demandé à plusieurs professionnels en ressources humaines de participer à cet article et après avoir envoyé de nombreux courriels de « Pourriez-vous commenter ? », le premier V-P dont nous avons reçu la réponse fut » Bien sûr! J’ignore les lettres de présentation depuis 10 ans! Lol! ».
Et vous savez qui semble avoir la même perspective?
Google.
Vous connaissez?
Non seulement Google ne demande-t-il pas de lettre de présentation, quoi qu’ils sont prêts à vous laisser divaguer, dans leur application en ligne ils sont très clairs que si vous le faites vous ferez sûrement perdre le temps à tout le monde compte tenu du contexte d’un CV :
Ce qui rend l’approche de Google remarquable est non seulement que le prix de l’action de la compagnie soit à 539$ et la valeur boursière à 372 milliards de dollars. Ce qui rend la position de Google intéressante est que leur stratégie d’évaluation des candidats n’est pas fondée sur les préférences, l’intuition ou la nostalgie, mais bien sur des données.
En avril, nous avons publié un article sur la stratégie d’embauche de Google dans lequel nous discutions des idées élaborées dans le livre récemment publié et écrit par le vice-président des opérations de Google, Laszlo Bock.
Bock explique que le cadre le plus gratifiant dans la sélection des employés est fondé sur une évaluation de la capacité cognitive, la conscience et le leadership ; trois qualités qui sont le plus efficacement observées dans des « entrevues structurées » dans lesquelles, autant que possible, les candidats sont invités à effectuer un test pratique, représentant exactement un problème auquel le candidat pourrait faire face dans le cadre de son travail. Il est donc demandé au candidat d’élaborer une solution et de la présenter au comité de sélection.
Le verbiage dans le CV permettra au candidat de trouver son chemin vers une entrevue structurée basée sur son « travail », et non pas sur sa lettre de présentation éditée, rééditée, peaufinée, revue, réutilisée et reformulée.
Bock n’a pas simplement concocté cette stratégie à partir de rien. Dans son livre, il fait référence à une étude qui résume 85 ans de recherches sur la sélection du personnel.
Dans cette étude, deux chercheurs ont passé au peigne fin des tonnes de données et calculé la valeur prédictive (de quelle façon la performance future a été justement prédite) de 19 mesures communes utilisées dans le recrutement du personnel, allant de tests d’échantillon de travail à des vérifications de références jusqu’à l’âge et les années d’études.
Où pensez-vous que les lettres de présentations se sont classées parmi ces 19 mesures de prédiction?
Question piège : en 85 ans de recherches, ils n’ont même pas inclus l’étude de la lettre de présentation.
Cheryl Kerrigan est en RH depuis 17 ans et maintenant à la tête de l’équipe triomphante de chez Achievers, une entreprise technologique qui a été récompensée à plusieurs reprises pour sa croissance et sa culture d’entreprise.
Kerrigan reconnaît et respecte les défenseurs de la lettre de présentation, elle apprécie la « touche personnelle », l’occasion d’expliquer un alignement ou même un « écart d’expérience » et le facteur de « différenciation » que permet une solide note d’introduction. Mais finalement, si on considère le tout, elle ne voit pas le but.
« Depuis mes débuts en temps que recruteur, je ne vois pas la valeur de la lettre de présentation… je la trouve redondante », nous dit Cheryl. Une autre raison pour laquelle la lettre de présentation est devenue moins nécessaire est la technologie, la plupart des compagnies ont implanté un système de suivi des candidats…la technologie travaille avec des mots clés et se concentre réellement sur le CV pour chercher les compétences requises au poste, ce qui élimine le besoin d’une lettre de présentation.
Kerrigan rajoute : « Je crois que la ressource la plus puissante, inexploitée et sous-utilisée est de demander aux employés de l’organisation qui ils réfèreraient pour les postes à combler. Si vous engagez des gens formidables, ils connaissent des gens formidable! Les candidats devraient travailler leur présence en ligne et leur réseau de contacts. Avoir quelqu’un qui parle en son nom au gérant ou au recruteur est du temps beaucoup mieux utilisé que d’agoniser sur une lettre de présentation pour qu’elle soit parfaitement écrite ».
Une bonne façon d’y penser serait de s’imaginer son passage dans une autre vie : qu’arriverait-il aux entreprises et à l’économie en général si la lettre de présentation était abolie?
Que si nous faisions comme Freshbooks et que nous demandions uniquement votre CV, votre collation préférée et votre passe-temps le plus excentrique? Que si nous devions suivre le modèle de Google et nous concentrer sur les emplois antérieurs et un format d’entrevue rigoureux et structuré? Que si, pour les postes d’entrées de données, nous demandions simplement aux gens de décrire leurs qualités personnelles les plus impressionnantes?
Ou encore mieux, que si on s’imaginait que tous les points d’évaluation sont de vraies personnes, et que chacune d’elles postulait pour un petit nombre d’emplois disponible dans une compagnie qui s’appellerait « Nous vous aidons à trouver les meilleurs candidats Inc. ».
Bien sûr, vous souhaiteriez embaucher les meilleurs, de sorte que vous ne ménageriez aucun effort d’enquête. Vous liriez consciencieusement la lettre de présentation de M. CV et le CV de Mme Lettre de présentation ; vous donneriez à M. Entrevue non structuré une entrevue structurée et vous feriez passer un test pratique à Madame Années d’expérience.
Vous examineriez tous les candidats pendant des heures et vérifieriez deux fois toutes leurs références.
Après tout ce processus, étant une personne d’affaires avertie, et pour vous éviter le cauchemar des ressources humaines, vous pourriez ne pas tuer la lettre de présentation.
Mais vous ne l’embaucheriez sûrement pas non plus…
#NOTABLE